FIV

Selon une étude de l’Institut National d’Études Démographiques (INED), il faut en moyenne 7 mois à un couple pour concevoir un enfant.

Si certaines femmes tombent enceinte au premier cycle, pour d’autres, le parcours est plus long, voire bien plus long…
Pour certaines, il faudra donner un coup de pouce à la nature.

La Procréation Médicalement Assistée représente près de 3% des naissances en France.
En 30 ans, plus de 200 000 enfants ont été conçus par fécondation “In Vitro” (Étude INED 2011)

La FIV, c’est ce qu’ont connu Géraldine et Lætitia qui ont accepté de témoigner de leur parcours : de la conception difficile de leurs enfants à la joie de devenir maman en passant bien sûr par leur période canapé.

Présentez-vous en quelques mots ?

Géraldine : J’ai 37 ans, j’habite en Suisse depuis 9 ans, près de Lausanne. Je suis originaire de Valence dans la Drôme. J’ai deux enfants, des jumeaux de 3 ans, un garçon et une fille.

Lætitia : J’ai 38 ans, j’habite dans le sud-ouest à côté de Dax. Je suis mariée depuis 4 ans et nous sommes en couple depuis 11 ans. Notre fils se prénomme Iban et il a 5 ans.

Quel a été votre parcours pour concevoir votre enfant ?

Géraldine : Quand nous avons décidé d’avoir un enfant, j’avais 30 ans.
Nous avons attendu une année avant de consulter, nous n’étions pas spécialement stressés car nous savions qu’il faut parfois être patient.
Nous avons commencé par les inséminations les moins onéreuses.
Il faut savoir qu’en Suisse tout est différent. La sécurité sociale n’existe pas. Nous avons tous une assurance privée mais elle ne prend pas en charge la PMA.
Alors évidement, le prix est à prendre en considération… et quand on a déjà des soucis pour devenir parents, on s’en passerait bien !
Quand on a débuté les inséminations, à ce moment-là, on y croyait !
C’était notre seule chance d’avoir un enfant.
Mon copain, qui a un traitement médical à vie, avait ses spermatozoïdes plutôt faignants à cause de ses médicaments.
On a commencé le traitement, des piqûres tous les jours que je faisais moi-même car cela coûtait moins cher.
Nous avions des rendez-vous réguliers, souvent avec des médecins différents (mieux vaut ne pas être pudique…).
1, 2 , 3 inséminations mais toujours rien…
Mon médecin m’a alors parlé d’une maladie peu connue, l’endométriose.
Il semblerait que j’en ai quelques symptômes, mais pour être certain de savoir si je l’ai, une seule solution : opérer.
Je n’avais plus le choix, je n’étais plus à ça près…
Bilan : j’ai en effet cette maladie. Une barrière de plus… Mon homme avec un souci, moi avec un problème, les deux font la paire!
Nous avons eu finalement nos enfants après 4 années : 4 inséminations artificielles, 1 FIV, 2 transferts.

Lætitia : Nous avons attendu pratiquement 4 ans avant d’être parents et nous avons fait 2 FIV.
Après 6 mois d’essais bébé infructueux, j’ai consulté mon gynécologue qui m’a dit que tout était dans ma tête et qu’il n’y avait rien d’anormal. Il ne m’a pas fait d’examen complémentaire.
Comme mon mari et moi vivions séparés la semaine, on a mis cela sur la fréquence de nos rapports et sur le fait que ce n’était pas le bon moment. Un jour, un matin en me rendant au travail, j’ai été saisie de terribles maux de ventre à ne plus pouvoir marcher et à en pleurer.
Là, tout s’est enchaîné : examens, échographies, etc.
Verdict : kyste ovarien.
Mon gynécologue m’a fait patienter 3 mois avant de me dire qu’il fallait l’enlever.
Entre temps, j’avais pris rendez-vous à la clinique à Bayonne qui m’avait été conseillée par une amie car ils sont spécialistes de la stérilité.
J’ai été reçue par un gynécologue extraordinaire qui a demandé une exploration de mon utérus pendant mon opération à l’hôpital de Dax.
Je n’oublierai jamais la tête de mon mari quand je suis revenue du bloc opératoire, également des mots de l’infirmière “Il existe d’autres solutions pour avoir des enfants
J’ai tout de suite compris…
J’ai repris rendez-vous sur Bayonne et là on nous a très bien pris en charge!
On nous a expliqué ce qu’était une FIV et pourquoi nous devions faire ce parcours.
En fait, j’ai une malformation de naissance sûrement due à la prise de distilbène de ma mère. En clair, j’ai une seule trompe qui est complétement bouchée et une moitié d’utérus. Au départ, on est donc partis pour un FIV suite à des difficultés pour tomber enceinte et il s’avère finalement que c’est beaucoup plus compliqué que cela.
Je ne peux ni concevoir naturellement, ni porter, ni accoucher.
Nous avons effectué 2 FIV : la première a été très dure à vivre moralement et physiquement. Pour la seconde, je me suis plus occupée de moi.

Qu’avez-vous ressenti pendant ces longues semaines/mois d’attente avant d’entamer le processus des FIV ?

Lætitia : J’ai eu l’impression de n’être comprise par personne et que le sujet était vraiment tabou. Toutes mes amies et ma belle-sœur étaient enceintes alors que moi je n’y arrivais pas !
A partir du moment où nous avons été pris en charge au centre FIV, j’ai trouvé le temps moins long car j’étais très occupée par tout le suivi médical, les examens, etc.

Combien de temps après votre premier essai bébé avez-vous eu votre première FIV ? Qu’avez-vous ressenti lors de cette première FIV ?

Géraldine : La première FIV a eu lieu un peu moins de 3 ans après le premier essai bébé. J’avais toujours gardé espoir même si les inséminations ne fonctionnaient pas car je disais en parlant de la FIV “on n’a pas encore essayé l’artillerie lourde !” (la technique la plus poussée, la FIV ICSI).
La médecine fait des choses incroyables de nos jours !
Créer un embryon en dehors du corps humain, ça paraît dingue.
J’ai fait cette FIV rapidement après mon opération, pour me donner toutes les chances et ne pas laisser l’endométriose se réinstaller (cette maladie ne se guérit pas).
On s’est alors lancé dans le processus et lors d’un contrôle, le médecin me dit que je n’ai pas assez de follicules.
Cet essai FIV s’est donc transformé en 4ème insémination. C’est la déception…
J’avais l’impression que je n’allais jamais y arriver !
Je me refusais à m’imaginer enceinte, je me protégeais.
Lors du cycle suivant, c’était la période de Noël.
Si je me lançais dans la FIV à ce moment, je savais que je ne pourrai pas passer Noël en famille, que je resterai seule ce jour là.
Ce n’était pas grave, j’ai décidé de la faire, c’était ma priorité.
Je me souviens lors d’un dernier contrôle avant la ponction, c’était un 23 décembre, j’avais peur de ne pas avoir à nouveau assez de follicules.
Et là, le médecin me dit que j’en ai 11, puis rajoute “Joyeux Noël !”.
J’ai fondu en larmes…
La ponction sous anesthésie générale s’est faite le 30 décembre.

Lætitia : Ma première FIV a eu lieu 3 ans après le premier essai bébé.
J’ai ressenti un soulagement car je savais pourquoi ça ne marchait pas. Ensuite, j’ai eu beaucoup de stress et d’inquiétude que cela ne fonctionne pas, voire jamais.
Nous avons aussi pensé à l’adoption à ce moment là.

Après combien de FIV votre test de grossesse a-t-il viré au +  et qu’avez-vous ressenti ce jour-là ?

Géraldine : Tout de suite après la FIV, on m’a transféré 2 embryons. Le résultat était négatif. C’est une énorme déception…
Moi qui comptait sur l’artillerie lourde, elle n’a eu aucun effet. Je commençais à douter.
On m’a fait un deuxième transfert deux mois après.
J’ai passé le week-end seule car je ne voulais pas bouger, rester allongée.
Je savais très bien que ça n’avait aucun effet, mais je voulais mettre toute les chances de mon côté, être sûre d’avoir tout fait, tout essayé, pour ne rien regretter si jamais… car on y pense…
Je me souviens du premier rendez-vous avec mon médecin qui m’avait averti que, selon les statistiques, 1 couple sur 3 qui consulte ressort du centre sans enfant.
Et si c’était moi ? Que ferai-je de ma vie ? Vivre comme tout le monde mais sans avoir de but ? Sans personne à m’occuper ?
Je ne pouvais pas concevoir que si ce couple c’était moi, je vivrais une vie métro, boulot, dodo. Pour rien.
Quand mon copain est rentré de week-end, je savais que c’était “foutu”. J’avais mal au ventre, les “anglais allaient débarquer”…
Je suis allée faire la prise de sang le lendemain matin pour connaître le résultat et qu’il soit noté dans mon dossier.
J’ai parlé à l’infirmière du prochain transfert, je lui ai posé des questions car je voulais réessayer rapidement.
Je suis partie au travail dans mon open space.
Ce jour-là, j’ai oublié de mettre mon téléphone en sourdine. Il  a sonné. C’est le centre qui m’appelait.
J’ai trouvé ça bizarre car c’est toujours moi qui appelle en début d’après-midi pour connaitre les résultats.
Je me suis tout simplement dis que j’avais dû oublié mon parapluie ou que la prise de sang avait été mal faite.
La personne au téléphone me demande alors : “vous n’avez pas une petite idée ?“.
Tout me passe par la tête. Quelques secondes s’écoulent. Elle me dit: “c’est positif !“.
Je m’effondre sur mon bureau… je pleure…
Elle me parle, je ne l’écoute plus, je ne l’entends plus.
On est le 8 Mars 2012, il est 9H40.
Je n’oublierai jamais ce moment là, ni cette conversation. La première étape était franchie !

Lætitia : Quand j’ai appris que la seconde FIV avait fonctionné, j’étais beaucoup plus sereine et je me suis occupée de moi.
Quand j’ai téléphoné pour avoir les résultats du test de grossesse, je ne comprenais plus rien. J’ai du leur faire répéter plusieurs fois. J’ai pleuré de joie…
Ensuite est arrivé le stress de le perdre les 3 premiers mois.

Comment avez-vous vécu vos premières semaines de grossesse ? Étiez-vous confiante ou plutôt prudente au cas où la grossesse ne tienne pas ?

Géraldine : Les 3 premiers mois, je n’ai jamais pu dire “je suis enceinte”. Je disais “ça a marché”. C’était pour me protéger, car on sait qu’une fausse couche, ça n’arrive pas qu’aux autres.
J’ai appris rapidement que j’attendais des jumeaux, chose incroyable !
Mais l’inquiétude est vite montée car deux fois plus de risque d’en perdre un. Et en prime, une grossesse à risques.

Lætitia : J’étais très prudente. On ne l’a dit à personne tellement on avait peur de le perdre. J’ai fait très attention à tout ce que je faisais car à ce moment là j’avais le droit de vivre normalement.

A quel stade de grossesse avez-vous été alitée, pour quel motif médical et comment l’avez-vous appris ?

Géraldine : J’ai été alitée au tout début du 5ème mois. Mon ventre se durcissait souvent. Ça ne passait pas. Je ne savais pas encore que c’était des contractions.
J’en ai parlé à mon gynéco qui m’a dit de rester allongée, le plus souvent possible, pour lire, pour regarder la télé, pour manger…
J’ai été suivie par une sage femme qui venait à la maison deux fois par semaine.
La première fois qu’elle est venue, elle a pris peur. D’après le monitoring, j’avais trop de contractions et elles étaient beaucoup trop longues. J’ai dû faire la piqûre pour la maturité des poumons rapidement.

Lætitia : J’ai été alitée dès le troisième mois. Je le savais dès le départ car mon gynécologue avait été très clair : hors de question de prendre le moindre risque donc arrêt. J’y étais préparée. Mon objectif : tenir tous les mois jusqu’au 8ème mois.

La grossesse alitée, est-ce l’image que vous vous faisiez de votre grossesse ? Qu’avez-vous ressenti quand vous avez appris la nouvelle ?

Géraldine : J’aurais aimé vivre une grossesse “standard”, mais rester allongée était une façon privilégiée de ressentir mes bébés, d’être avec eux. Je les avais tant attendus…
Je ne voulais prendre aucun risque, éviter la prématurité à tout prix.
J’ai pris donc mon mal en patience… 3 mois couchée, alitée stricte dont les 3 dernières semaines hospitalisée sous perfusion.

Lætitia : J’étais tellement heureuse d’être enceinte que ça ne m’a fait ni chaud ni froid ! Et puis moralement je m’étais préparée.

Alitée, vous étiez plutôt canap ou lit ?

Géraldine : Que le lit! J’évitais de me lever et j’économisais mes allers-venues.
Si je me levais, c’était pour prendre un livre ET aller aux toilettes ET prendre quelque chose à manger ET prendre le téléphone… Je réfléchissais toujours pour faire le 4 en 1!

Lætitia : dans le canapé la journée et dans le lit la nuit.

Quelles étaient vos activités préférées pendant votre alitement ?

Géraldine : Livres, Internet, Télévision, Musique, Téléphone. Et DORMIR (ce que je ne fais plus depuis! lol)

Lætitia : Je pense que j’ai regardé tous les programmes TV qu’il puisse exister. j’ai vu de nombreux DVD, j’ai beaucoup lu et surfé sur le net.

Avez-vous dû être hospitalisée ou grossesse-canapé uniquement à la maison ?

Géraldine : J’ai été hospitalisée 3 semaines.

Lætitia : Pas d’hospitalisation, juste le canapé à la maison.

Avez-vous eu le sentiment d’être comprise et bien entourée pendant votre grossesse-canapé ?

Géraldine : J’habite loin de ma famille et de mes amis alors heureusement que le téléphone existe!
Ils ont compris que c’était ma seule chance d’avoir des enfants non prématurés et en bonne santé.
Le corps médical connait les enjeux. J’aurai pu perdre mes deux enfants, ou leur donner la vie avec de graves malformations.
3 mois cloués au lit pour donner toutes ses chances à un enfant, avec le recul, ce n’est finalement pas grand chose !

Lætitia : J’ai été très bien entourée par le centre FIV et mon médecin généraliste. J’ai aussi été très entourée par mes amis les plus proches et la famille. Beaucoup moins par le boulot mais ça je ne m’en suis rendue compte qu’après.

A quel terme avez-vous finalement accouché ? Voie basse ou césarienne ?

Géraldine : J’ai accouché à 34 SA + 3.
La césarienne était prévue le 1er novembre, mais j’ai fait une pré-éclampsie alors tout s’est accéléré à partir du 29 octobre.
Le bloc a été réservé le lendemain à 17H.
On m’a enlevé ma perfusion mais il y avait du retard au bloc.
Les contractions ont repris aussitôt ! Je commençais à avoir de belles douleurs car le travail commençait.
On m’a alors vite redonné des cachets pour gagner du temps.
Mon fils est finalement né à 18H58 et ma fille à 18H59.
Mon gynécologue m’a dit par la suite avoir “galéré” pour sortir mon fils, tellement il avait la tête coincé en bas. Il a toujours été très bas, sans alitement, il serait né bien avant, entrainant la naissance de sa sœur.

Lætitia : J’ai accouché au 8ème mois. L’accouchement a été terrible car j’ai été déclenchée à 8h et j’ai fini en césarienne en urgence à 16h avec risques pour le bébé et 19 de tension pour moi.

Poids et taille de votre bébé à la naissance

Géraldine : Mon fils: 48 cm pour 3,040 kilos. Ma fille: 47 cm pour 2,900 kilos. Et tout ça seulement à tout juste 8 mois de grossesse! ;-)

Lætitia :  47 cm et 2kg560.

Une anecdote sur votre grossesse-canapé / accouchement ?

Géraldine : Je ne sais pas si on peut appeler ça une anecdote mais j’ai perdu ma maman à l’âge de 10 ans un 30 octobre. Mes enfants sont nés le 30 octobre 2012, 24 ans plus tard… Serait-ce un clin d’œil de sa part?

Lætitia : Ça a été le parcours du combattant du début jusqu’à la fin mais quand je vois mon fils je me dis que ça en valait vraiment la peine !

Si c’était à refaire (y compris la grossesse à l’horizontale) ?

Géraldine : Je referais tout, tout et tout !
La médecine a de nos jours fait d’énormes progrès. J’ai conscience que si j’avais vécu 20 ans plus tôt, je n’aurais jamais eu d’enfants.
La médecine leur a donné vie, l’alitement les a sauvés.

Lætitia : oui oui oui quel plus cadeau que de donner la vie !
Par contre pour le second, je suis en plein questionnement. Je ne suis pas sûre de vouloir retenter l’aventure alors que j’en ai 4 au congélo ;)

Quel message souhaitez-vous adresser aux actuelles mamans-canapé ?

Géraldine : Devenir mère n’a pas de prix ! Un enfant en bonne santé grâce au canapé, que demander de plus? Restez bien allongée, vous en serez nostalgique après !

Lætitia : Courage ! Pensez à vous pendant ces moments-là !

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Pour finir, voici les merveilles de Géraldine :

jumeaux-geraldine

Et Lætitia et ses 2 hommes :

Iban

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